Un préavis de grève nationale a été déposé le 7 mars 2024 pour les 27 et 28 mai 2024 par le syndicat des hospitalo-universitaires (Le SHU). Il appelle tous les hospitalo-universitaires (professeur, maître de conférences, assistant-universitaire et chef de clinique) à manifester avec force leur inquiétude devant l’insuffisance des propositions du gouvernement pour sauver le système hospitalo-universitaire français, qui fait pourtant l’excellence de notre système de santé.
Qui sont les HU ?
Les HU regroupent tous les personnels, titulaires ou non, ayant une mission unique de soin, d’enseignement et de recherche dans les universités et les CHU (centres hospitaliers universitaires). Sont notamment des hospitalo-universitaires les professeurs (PU-PH : professeurs des universités – praticiens hospitaliers) de médecine, d’odontologie et de pharmacie, au nombre de 4 500 environ en France, et les maîtres de conférences – praticiens hospitaliers (MCU-PH) 2000 environ.
Pourquoi une telle inquiétude ?
Les HU s’inquiètent du criant et récent manque d’attractivité de leur métier, qui menace la qualité de la formation des étudiants en santé, ainsi que l’excellence des soins et de la recherche médicale dans notre pays. Sans HU, pas de CHU ni de faculté de médecine ni de recherche en santé…
Alors que le nombre d’étudiants en médecine a triplé depuis 30 ans, et qu’il est prévu de former encore plus d’étudiants en santé dans les années à venir pour contrer le défaut d’accès aux soins, le nombre de HU c’est infléchi de 2% durant cette période.
Le système HU « craque » de toutes parts avec une vague inédite de départs volontaires et de disponibilité pour raison personnelle ces dernières années, un manque certain d’engouement des plus jeunes pour des carrières HU particulièrement longues et difficiles, mais qui offre une possibilité d’épanouissement professionnel exceptionnel…
Une mobilisation historique
Alors que de multiples rapports pointent unanimement ces menaces depuis plusieurs années, la réponse concrète du gouvernement reste insuffisante, notamment sur la reconnaissance d’une retraite à la hauteur de l’engagement. Le SHU, membre de l’INPH, a multiplié les alertes auprès des pouvoirs publics, sans qu’aucune négociation n’ait été ouverte à ce jour.
La grève des HU est inédite et promet d’être massive et historique, puisque près de la moitié des HU ont récemment indiqué leur intention de faire grève, témoignant d’un niveau de colère et d’inquiétude jamais atteint.
Les revendications
Le SHU attend du gouvernement des mesures fortes pour stopper l’hémorragie de départs des HU et pour que les plus jeunes aient de nouveau envie de s’engager dans des carrières HU.
Plus précisément, les revendications portent notamment sur les deux points suivants :
Les HU titulaires appartiennent à la Fonction Publique de l’État. Du fait des prérequis pour être nommés, ils deviennent fonctionnaires à un âge tardif (44 ans en moyenne pour les professeurs et 37 pour les maîtres de conférences). Le montant de leur retraite est donc en moyenne égal à 30% de leur dernier salaire, ce qui est très inférieur à la moyenne des fonctionnaires d’État. Cette injustice dure depuis 1958 !
La décision récente du gouvernement d’affilier les HU à l’Ircantec ne correspond pas au scénario plébiscité par les syndicats, comme indiqué dans le rapport Uzan de 2023. Il dissocie la rémunération hospitalière de celle de l’université et dégrade le statut de fonctionnaire d’État.
Le SHU demande 3 actions fortes :
L’affiliation à l’Ircantec va automatiquement s’accompagner d’une baisse de 5,21% de la rémunération, alors que la rémunération des HU a déjà baissé de près de 20% (en euros constants) depuis 30 ans. La reconnaissance des conditions de travail et de la pénibilité doit s’accompagner d’une revalorisation des grilles salariales avec la constitution d'une grille hospitalière unique des HU titulaires basées sur celle des PU-PH augmentées de trois échelons de trois ans. De même, la régularisation du temps de travail hospitalo-universitaire à 10 demi-journées avec valorisation du temps additionnel doit s’adapter aux conditions de travail actuelles.
Le SHU demande donc l’ouverture de négociations pour une revalorisation salariale.
L’engagement et le caractère essentiel des hospitalo-universitaires pour notre système de santé, pour la formation des plus jeunes et pour l’excellence de notre recherche n’est plus à démontrer. Ils attendent l’ouverture de négociations pour que leur métier reste attractif.